Transgénius 2032, Une aventure d'Aigue-Marine

Extrait:
Mélanie dénoua ses cheveux. Le vent qui la guettait en profita pour s’y engouffrer. Elle sourit à la caresse fraîche qui coulait le long de son cou. Cath la regardait fermer les yeux et profiter de ces instants de bonheur pur, à la fois courts et éternels comme le serait une seconde arrêtée.
Le cri d’un goéland déchira le ciel.
— Comme je l’envie, souffla Mélanie.
— Moi aussi, soupira Cath. Etre libre d’aller où bon me semble ! Suivre le gré des vents et de mes humeurs !
— Et voler. Sentir le monde d’en bas s’éloigner pour disparaître. Laisser la douleur et les cris loin, si loin derrière. Ne plus penser qu’à vivre.
Mais la vieille 104 qui les avait menées jusqu’à la mer ne voulait plus attendre. Elle le fit savoir dans un hurlement urbain.
— Il faut y aller, Nini ! Tes parents s’impatientent.
La jeune fille ne voulait pas. Laissez-la une minute encore loin de ses souffrances. Loin de ses soucis.
Cath se leva et envoya un signe en direction de la voiture. Elles avaient entendu. Elles n’allaient plus tarder.
— Nous reviendrons une autre fois, tu sais. Si nous restons encore, nous allons tomber dans les bouchons !
Mélanie ne répondit pas. Elle suivit simplement sa compagne. Avant de quitter le quai, elle leva le visage vers le ciel et murmura pour elle même:
Un jour, moi aussi je m’envolerai...


Il est sept heures. Elle soupire. Elle n’a pas envie d’y aller. Le faut-il vraiment ? Oui, sans doute. Mais cela ne fait rien. Il lui restera toujours sa petite tête pour s’enfuir là où personne ne pourra la surveiller. Et cette fichue pendule qui ne veut pas s’arrêter. Tic, Tac. Tic, Tac. Elle immobiliserait bien le balancier si elle osait. Comme ça, vite fait, ni vue ni connue. Peut-être que cela suspendrait le temps. Mais à quoi bon ? C’était il y a un an qu’elle aurait dû le faire, bien avant le drame.
Ne t’en veux pas, petite, ce n’est pas ta faute ! Ça, elle le sait bien mais le cœur, lui, souffre quand même. Les mots caressent; ils n’apaisent pas. Elle passe la main sur sa joue, comme pour essuyer une larme qu’elle espère voir couler.
Elle, c’est une poupée de dix-sept ans bientôt. Du moins, c’est comme ça que son père se plaît à l’appeler. Ça l’énerve un peu, mais au fond ça n’a pas grande importance. Elle n’arrive pas à lui en vouloir, pas plus qu’à sa mère qui l’a fait naître un soir d’Halloween. Et comme si cela ne suffisait pas, choisir de la baptiser Cathleen, prénom irlandais qu’elle se lasse d’épeler ! Elle sourit car elle est en train de se mentir à elle-même. Elle adore son prénom ! Tout le monde, d’ailleurs, la surnomme Cath. Et elle adore ses parents, même s’ils sont tout le temps absents. La larme ne traverse pas sa joue.