Le frisson du plaisir
EAN13
9782280850421
ISBN
978-2-280-85042-1
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Audace (149)
Dimensions
17 cm
Poids
114 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Fiches UNIMARC
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Le frisson du plaisir

De

Harlequin

Audace

Indisponible

Autre version disponible

1.

« J'ai tendance à être conservatrice en ce qui concerne le sexe. »

Carly Abrams réfléchit à la question proposée par le test : devait-elle répondre en fonction de sa vie sexuelle réelle, ou de celle qu'elle aurait souhaité avoir ? On ne pouvait pas dire, à proprement parler, qu'elle ait jusqu'ici repoussé les limites en matière de sexe. Mais ce n'était pas sa faute si, à vingt-six ans révolus, elle n'avait pas encore rencontré un amant à la hauteur de ses envies. Qu'on lui présente le bon partenaire au bon moment, et elle n'aurait aucun mal à laisser sa facette la plus torride s'exprimer. Donc on ne pouvait pas lui tenir rigueur si la chose ne s'était pas encore produite, n'est-ce pas ?

— Bien sûr que non, murmura-t-elle, cochant la case « pas d'accord ».

Elle hésita même à marquer « pas du tout d'accord », se disant que, quitte à admettre certaines choses, autant les assumer jusqu'au bout. Finalement, elle resta sur son premier choix. Ce n'était pas la peine d'analyser par le menu chaque question. Ce test d'affinité n'avait pas pour but de dénicher son âme sœur au sein de Hall Technologies, mais était un simple exercice destiné à sélectionner les deux développeurs Web qui prendraient en charge le compte Solos S.A., leur nouveau gros client, un important site de rencontres dont l'interface réclamait un bon coup de neuf.

La bataille pour gagner le compte avait été rude. Solos S.A. était un client convoité par les plus grandes agences de communication et marketing en ligne, catégorie dans laquelle Hall Technologies ne jouait pas encore. Pourtant, c'était son patron, Brayton Hall, qui avait remporté le contrat, grâce à ses méthodes pour le moins originales, et qui, en l'occurrence, préconisait l'utilisation des tests d'affinité de Solos S.A. pour élire les Web designers qui se chargeraient du projet. En conséquence, tous les employés de Hall Technologies qui briguaient le poste avaient été invités à remplir ledit test. On leur avait cependant précisé qu'ils pouvaient, le cas échéant, ignorer les questions qu'ils jugeraient trop intimes.

Comme celle-ci, par exemple.

« En ce qui concerne le sexe, rien ne me fait peur. Apporte des jouets, attache-moi et invite un ami à se joindre à nous. “Plus on est de fous, plus on jouit”, telle est ma devise. »

Hum. Pour trouver un amant audacieux, elle ne s'y prendrait pas autrement.

Elle fixa l'écran et sourit. M. Hall risquait de tomber dans les pommes si elle se déclarait « tout à fait d'accord » avec cette proposition. Elle ne pensait pas vraiment qu'il puisse lire ses réponses car les chefs avaient insisté lourdement sur le fait que Solos S.A. s'occuperait du traitement des questionnaires et que personne de Hall Technologies n'aurait accès à leurs réponses. N'empêche, si jamais il l'apprenait, ce serait une véritable bombe : la Laura Ingalls de la boîte, comme on la considérait souvent, cachait sous sa robe à fleurs un penchant insoupçonné pour les ménages à trois, les vibromasseurs et le bondage. Rien que d'imaginer la réaction de M. Hall, elle eut envie de cocher « tout à fait d'accord ». Pour s'amuser, se dit-elle, juste pour le fun. Car malgré ses fantasmes inavouables où il était question de sex-toys et de bondage, elle n'avait jamais osé songer aux trios, et elle ne pouvait pas décemment prétendre passer pour une femme libertine, alors qu'elle avait à peine frôlé le niveau de la femme libérée lambda.

Mais derrière son écran, elle ne pouvait pas s'empêcher de fixer sa réponse, de la même façon qu'on essaie une robe en sachant pertinemment qu'on ne l'achètera pas pour voir comment elle tombe.

— « En ce qui concerne le sexe, rien ne...

La voix, masculine et profonde, la fit sursauter et aussitôt, elle plaqua sa main sur l'écran pour le cacher.

« S'il vous plaît, que ce ne soit pas celui que je crains. »

— ... me fait peur. »

Oh non. C'était lui. Matt Jacobs, sa croix quotidienne, le bâton dans les roues de sa carrière. Le héros de tous ses fantasmes sexuels.

Effacer cette dernière pensée ! Absolument pas d'accord ! Matt Jacobs n'était surtout pas le héros de tous ses fantasmes sexuels. De fait, son véritable fantasme, c'était de voir ce monsieur se ridiculiser devant une assemblée nombreuse, se faire virer, et emballer toutes ses affaires pour disparaître à jamais de sa vue.

Voilà le scénario qui la faisait vraiment fantasmer.

Les sourcils froncés, elle le regarda par-dessus son épaule.

— Tu permets ?

Mais au lieu de reculer, il s'approcha davantage, riant doucement et remplissant son espace avec sa voix veloutée, qui provoqua dans son corps une réaction qui démentait tout ce qu'elle venait de penser.

D'accord. Il se pouvait qu'elle n'ait pas encore tout à fait dépassé le béguin qu'elle avait eu pour lui deux ans auparavant, lorsqu'il avait débarqué à Hall Technologies en provenance de la firme rivale, Web Tactics. C'était une recrue de choix pour Hall, et Carly, Web designer étoile jusqu'alors, avait vu sa cote dégringoler avec son arrivée. En principe, ils étaient censés travailler tous les deux en tandem pour gérer les plus gros projets de la boîte. Mais ça, c'était avant que Matt ne se pointe dans le bureau de leur chef pour lui dire qu'il pouvait s'en occuper tout seul, la laissant sur le carreau sans crier gare et gardant la mainmise sur les comptes les plus intéressants.
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