Maux croisés, suspense
EAN13
9782352870647
ISBN
978-2-35287-064-7
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
Archipoche
Nombre de pages
288
Dimensions
17,8 x 11 cm
Poids
170 g
Langue
français
Code dewey
849
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Maux croisés

suspense

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eISBN 978-2-3528-7469-0

Copyright © Archipoche, 2008.

Vendredi 24 décembre, 11h 15

Ministère de la Santé

Olivier Sarramagna rajusta ses lunettes et se pencha sur la définition du terme « patate ».

Il éplucha la rubrique des locutions. Avoir la patate : se trouver en pleine forme ; en avoir gros sur la patate : être affectivement très atteint ; patate chaude : affaire qui brûle les doigts. Puis il tapa la conclusion de son paragraphe : « Dans cette histoire, il semble que chacun veuille se débarrasser de la patate chaude. » Il faillit ajouter par dérision « et patati et patata », se retint : le ministre, Pierre Sauvagnac, n'appréciait guère l'humour dans les comptes rendus. Il sauvegarda le texte sur son iBook et l'expédia en pièce jointe avec copie à Christine Legrand, sa directrice de cabinet. La fatigue pesait sur ses épaules et un début de lombalgie lui taraudait les vertèbres. Il reposa le dictionnaire sur l'étagère des usuels et sortit de l'armoire à classeurs le dossier « Filières ». Avant de s'y plonger, il se dirigea vers la machine à café de la salle de détente. Les deux jeunes chargés de mission, Nasser Zaïri et Pierre-Jean Ouaknine, le petit brun et le grand blond, l'y avaient précédé. À son arrivée, ils interrompirent leur conversation.

— Bonjour monsieur, le salua Nasser Zaïri. Un serré sans sucre ? poursuivit-il en glissant une pièce dans le distributeur.

— Merci, Nasser. Vous avez de la mémoire.

Après s'être saisi du gobelet qui lui était tendu, Olivier demanda :

— Beaucoup de travail en ce moment ?

— Pas trop. Et vous ?

— Je suis sur la filière turco-italienne. Le ministre veut du biscuit pour sa conférence de presse de 14 heures.

— Vous avez du nouveau ? interrogea Pierre-Jean Ouaknine en se voûtant légèrement pour se mettre au niveau de son interlocuteur.

— Pas vraiment, concéda Olivier. Nos pistes se perdent entre la Macédoine et l'Albanie.

Le gobelet lui brûlait les doigts. Il le déposa sur une étagère. Dans le cagibi voisin, le ronflement d'une photocopieuse rythmait de claquements secs le jet régulier des pages. Olivier était sur le point de quitter les lieux quand apparut Christine Legrand, tailleur bleu marine griffé, brushing impeccable, les bras chargés de journaux qu'elle déposa sur la table basse.

— Bonjour, monsieur Sarramagna. Merci pour votre courriel.

S'adressant à l'un des chargés de mission, elle ajouta d'un ton sec :

— Nasser, j'aimerais vous parler.

— Je vous suis, répliqua le jeune homme.

Après leur départ, Ouaknine esquissa un sourire.

— L'Impératrice supporte mal les veilles de fêtes. Et plus encore, que nous prenions des vacances.

Olivier se retint d'acquiescer. La directrice de cabinet avait déjà épuisé quatre ministres, mais les gouvernements de droite comme de gauche la laissaient en place, de crainte qu'elle ne déballe des affaires peu reluisantes.

— Si vous déjeunez au ministère, reprit Ouaknine, je pourrai vous faire le point sur l'enquête que vous m'avez confiée. J'ai localisé un des laboratoires en Allemagne. J'ai visité leur site.

— Nous en discuterons après Noël, suggéra Olivier. Je serai plus disponible.

— Comme vous voudrez...

Olivier se sentit soulagé. Après son rendez-vous de 13 heures, il pourrait consacrer son après-midi à acheter ses cadeaux de Noël. Tant qu'il avait gravi les échelons intermédiaires, assistant, adjoint puis chargé de mission, il s'était senti couvert par ses supérieurs. Depuis, les tâches s'étaient accumulées, de plus en plus dangereuses: pistage de réseaux de faux médicaments, mise au jour de filières clandestines de génériques, traque de laboratoires d'expérimentation de nouvelles drogues. En quatre ans, il était passé du rôle d'enquêteur à celui de coordinateur des investigations. Désormais, il se trouvait sur la ligne de front, à disposition de ses supérieurs et à la merci de leurs foucades.

Dès qu'il était entré en fonction, le nouveau ministre de la Santé, Pierre Sauvagnac, l'avait assuré de son soutien. « Je ne laisse jamais personne en route, même si je dois sonner le signal de la retraite », avait-il plastronné dans son langage militaire. Mais de 15 heures le vendredi à 10 heures le lundi, monsieur le ministre était injoignable et il fallait prendre les décisions à sa place. Le numéro de portable qu'il laissait « en cas d'urgence » se trouvait le plus souvent sur messagerie.

De nouveau assis à son bureau, Olivier reprit le dossier « Filières ». Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone.

— Monsieur Sarramagna, une communication pour vous... Votre fils, lui annonça depuis la pièce attenante son assistante Marie-Valentine.

Olivier pesta. Peter ne l'appelait qu'en cas de probl ème ou pour de l'argent.

— Je le prends, accepta-t-il en décrochant. Salut, Peter. Quoi de neuf?

— Que du vieux ! bougonna une voix mal posée. C'était juste pour te prévenir : je dors chez Lucas.

— D'accord. N'oublie pas de te réveiller à temps pour le déjeuner chez tes grands-parents.

— Ouais, répondit l'adolescent d'un ton maussade.

— Treize heures pile, précisa Olivier.

Peter avait déjà raccroché.

— Ils sont tous pareils, commenta Marie-Valentine.

Son chef bien-aimé s'étant replongé dans ses dossiers, elle n'insista pas. Avec ses cent quinze kilos et son dévouement à toute épreuve, Marie-Valentine occupait toute sa place au ministère de la Santé. Néanmoins, elle avait appris à se montrer discrète. Ponctuelle, travailleuse, dénuée d'ambition, elle était considérée comme une perle rare. Olivier n'en demandait pas davantage.

Nouvelle sonnerie. Le chargé de clientèle de sa banque l'invitait à passer pour affaire urgente.

— Cet après-midi, insista l'interlocuteur.

— Désolé. J'ai des rendez-vous que je ne peux pas reporter. En revanche, j'ai un ou deux créneaux lundi.

— Nous serons exceptionnellement fermés.

— Alors... mardi, 10 heures?

— Dix heures. Entendu.

— Pourriez-vous m'expliquer de quoi il s'agit?

— C'est un sujet que je préfère ne pas évoquer au téléphone. Mardi, 10 heures.

Olivier n'eut pas le temps de se concentrer sur cette urgence. Le ministre exigeait des informations fraîches.

— Nous avons confirmation qu'il s'agit bien d'une filière, lui expliqua Olivier. Ceux qu'on a retrouvés morts en Turquie et en Italie auraient ingurgité un même médicament qui ne laisse aucune trace dans l'organisme. Mais nous ne savons toujours pas s'il s'agit de suicides ou d'empoisonnements criminels. Les autorit és italiennes, grecques et allemandes sont alertées. Elles nous laissent le bénéfice de la prise. Si les suspects passent notre frontière, elles nous préviendront et fermeront les yeux.

— Elles auraient mieux fait de les ouvrir quand ils ont franchi la leur, maugréa le ministre. Et votre enquête sur le soft-terrorisme, où en est-elle ?

— J'ai cinq labos dans le collimateur, trois en Allemagne, deux en Italie, précisa Olivier. On a exploré le site du premier. C'est un travail qui prend du temps.

— Du temps ! Du temps ! Comment voulez-vous que je vende « du temps » à des journalistes qui veulent envoyer leur papier dans la seconde ? Bon, se radoucit le ministre, merci quand même. Je vais c...
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